L'âge de raison

Introduction

Dieu est juste, et il nous appelle à être justes. Mais, comment faire, quand commencer ? Quand on a quinze ans, cette question peut n’avoir aucun impact, quand on ignore ses privilèges et… ses responsabilités, ou inversement être très lourde à entendre. Le poids en est diminué quand on sait qu’on ne peut éviter de faire des erreurs, parce qu’avant de savoir, on est ignorant… Il y a un âge, appelé âge de raison,  à partir duquel on prend conscience de ces choses, et notamment de ce que, dans son œuvre, Dieu délègue. Il nous donne capacité, autorité et responsabilité pour que nous collaborions avec lui.

Dictionnaire: Âge de raison, où l'on est censé avoir conscience de ses actes (Larousse), où l'on devient responsable de ses actes (Hachette) Adolescence : Période de la vie, entre la puberté et l'âge adulte (Larousse)

Âge de raison et Bible

« Avant que l’enfant sache rejeter le mal et choisir le bien… » (Ésaïe 7. 16). Ce verset montre qu’il y a un âge ou l’enfant devient capable d’avoir une opinion personnelle, parce qu’il peut rejeter le mal et choisir le bien.

« Et quand il eut douze ans… » (Luc 2. 42) L’âge du Seigneur est mentionné seulement deux fois : ici, puis au comencement de son ministère où il est dit qu’on estimait qu’il avait environ trente ans (Luc 3. 23). Cette mention de l’âge du Seigneur montre peut-être un changement dans sa vie : tout en restant soumis à ses parents (Luc 2. 51), il est aux affaires de son Père (2. 49) et le fait savoir à ses parents.

La Bible ne parle donc pour ainsi dire pas de l’âge de raison. Mais elle montre qu’il y a un temps pendant lequel l’enfant est soumis aux parents (Eph 6. 1 : « Enfants, obéissez à vos parents dans le Seigneur, car cela est juste »), un temps où l’adulte quitte la maison (Ge 2. 24 : « L’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme… »), et aussi un temps où l’enfant apprend à devenir adulte, (Gal 4. 2 : « Aussi longtemps que l’hériteir est en bas âge, il est sous des tuteurs et des curateurs »). C’est le temps où
• L’adolescent passe des repères des parents à ses propres repères. Il est conduit à reconsidérer son univers personnel ainsi que sa place dans la famille et dans la société C’est pour cela qu’il a besoin d’être porté (le tuteur).
• Il a conscience de la nécessité d’assumer ses choix. Il est devenu une personne responsable devant Dieu, comme tout adulte.
• Sa conscience est devenue vivante en lui. C’est une situation nouvelle.
• Il découvre sa sexualité, son autonomie, sa finitude, ses obligations, la transformation de son corps, la nécessité de faire des choix, l’éloignement de ses parents. Bien que tous les événements de cette période de la vie ne soient pas reliés directement aux changements physiologiques, c'est leur apparition qui déclenche un développement radical et l’oblige à élaborer des rapports nouveaux avec son environnement. Il a besoin d’être soigné, quand il se fait mal (le curateur)

Responsabilité

La responsabilité est le principe biblique selon lequel l'homme est tenu de rendre compte de ses pensées, de ses paroles ou de ses actes à Dieu. La Bible enseigne que tous les hommes sont responsables devant Dieu parce qu'ils l'ont connu, à travers la  révélation générale dans la nature), mais ne lui ont rendu ni grâces ni  gloire. (Ro 1. 21) Le monde entier est coupable devant Dieu  car « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ». (Ro 3. 23) Cela signifie que l'homme ne peut être au bénéfice de la grâce divine tant  qu'il ne reconnaît pas son péché. Ceux qui ont connu la volonté révélée  de Dieu portent une responsabilité plus grande que ceux qui l'ont  ignorée. Jésus a clairement lié la responsabilité à cette connaissance de la  volonté divine. (Lu 12. 47) Chacun rendra compte pour lui-même de ce qu'il a fait (Ro 14. 12) et de son attitude envers les autres, car « nous sommes membres les uns  des autres ».  (Eph 4. 25) mais aussi, dans une certaine mesure du péché de ceux qui vivent avec lui  s'il n'avertit pas le méchant et lui demande de changer de vie. (Ez 3. 18-19)
Pourquoi la bar mitsvah se fait a treize ans « Bar Mitsvah » veut dire « fils du commandement ». L’enfant passe d’une relation privilégiée avec ses parents à une relation privilégiée avec Dieu, et les responsabilités qui en découlent.(Rav Elyakim Simsovic)
? Parce que c'est l'âge où on devient à son tour capable de donner la vie. On cesse donc d'être purement passif face à l'existence jusque là seulement reçue et dont on se contentait de jouir du mieux possible. Etre capable de donner, et en particulier de donner la vie, c'est le sens même de l'éveil de la responsabilité envers soi et envers les autres.
? Pour le Bar Mitsva , aux yeux de la Halaka , c'est le fait que le jeune homme (ou la jeune fille) devient adulte et qu'il se doit dès lors d'accomplir toutes les Mitsvot.
? On ne "fait" pas de bar mitzva. On le devient, comme on devient majeur civilement à 18 ans. C'est une réalité déterminée par le calendrier et la physiologie. Le fait que l'enfant qui devient bar mitsva a ce jour-là des prérogatives particulières et qu'on lui fait l'honneur de l'appeler au séfer où il lira pour la première fois (bien qu'il existe des minhaguim où un enfant peut monter même avant s'il comprend de quoi il s'agit) n'empêche pas que ce n'est pas la cérémonie qui fait l'événement, mais l'événement qui donne le plus souvent lieu à la cérémonie.
? On est donc adulte depuis le jour de ses treize ans et un jour.

Le fait pubertaire

La puberté est la conséquence de modifications endocriniennes, programmées dès la différenciation sexuelle chez l'embryon et le fœtus. Elle se manifeste par deux grandes sortes de mutations.

La première est la maturation des caractères sexuels primaires, qui permet à l'appareil sexuel de remplir sa fonction de reproduction.

La seconde est l'apparition des caractères sexuels secondaires: associés à des modifications morphologiques, ils traduisent l'identité masculine ou féminine. C'est, par exemple, le développement des seins chez la fille, ou du système pileux chez le garçon, la répartition différentielle des graisses dans les deux sexes. Les transformations de la puberté signifient la capacité, désormais acquise, de l'être humain à engendrer et à se reproduire.

La puberté se définit, chez la fille, comme le moment d'apparition des premières règles; chez le garçon, comme celui de la première éjaculation. Les modifications corporelles précédant cet événement constituent la prépuberté. L'âge moyen de la puberté des filles, en France, est de 12 ans et  mois, et celui des garçons de 13 ans et demi -14 ans.

L'âge des révélations

L'engagement dans la sexualité

L'adolescent vit l'engagement dans la sexualité avec crainte et peur de l'autre. Ses caractéristiques anatomiques ne coïncident pas nécessairement avec ses désirs, actifs ou passifs, qu'il peut percevoir comme contradictoires avec ses modèles. Ainsi, l'identité sexuelle n'est pas donnée en prime à la puberté: il s'agit d'une conquête pleine de renoncements et d'embûches. Elle doit être faite dans la pudeur (1Ti 2. 9), dans le respect de soi et de l’autre (Ro 13. 9-10 « L’amour ne fait pas de mal au prochain »).

La finitude de l’adolescent

Lorsque l'adolescent fait l'expérience de la découverte de  sa réalité, c'est l'illusion de sa toute-puissance qui s'écroule: il n'est plus au centre de la constellation familiale. Après avoir rêvé du monde adulte où «tout serait possible», il est confronté à une réalité qui limite la réalisation de ses désirs infantiles. Se manifestent alors les craintes, en rapport avec sa place sociale, mais aussi son propre corps. Cette impression de perte de soi est le lieu de la découverte de Dieu, de l’autre et de sa propre construction. « Soyez hommes, affermissez-vous » (1Co 16. 13) .

Son sentiment d'étrangeté

L'adolescent est un étranger à lui-même et à son nouveau corps, qu'il perçoit par moments comme ce qui contrarie ses rêves d'enfance. Il s'ensuit un état d'« inquiétante étrangeté » qu'il tentera de maîtriser en développant des stratégies diverses.

La recherche d'identité est propre à tout adolescent: lorsqu'il se trouve en marge de la communauté à laquelle il se sent appartenir, sa frustration redouble. On comprend l’exhortation faite aux pères : « Pères, ne provoquez pas vos enfants » (Eph 6. 4) et « Pères, n’irritez pas vos enfants afin qu’ils ne soient pas découragés » (Co 3. 21).

Une période de choix décisifs

La conquête d'une autonomie économique, qui intervient à la fin du processus pubertaire, est elle-même fondée sur une double autonomie de pensée et d'action. Apparaît alors également la faculté de composer avec les contraintes de la réalité, sans nuire toutefois à la capacité:
• d'aimer, de créer des relations nouvelles;
• de penser, éventuellement dans l'infidélité aux modèles familiaux;
• de travailler, d'investir dans un objet, un secteur que l'on a choisi pour les satisfactions qu'il apporte.

La crise d’adolescence est donc cette période dans laquelle l’enfant, après avoir reçu amour et direction, les met en œuvre pour son propre compte, en s’éloignant de ses parents. C’est une période décisive et délicate, dans laquelle les parents rsiquent de se substituer à l’enfant dans les choix qu’il doit faire, au lieu d’être à côté de lui et de l’aider, si le besoin est exprimé.

Conclusion

Sans pour autant définir avec précision l’événement, on peut néanmoins en souligner et l’irruption et l’importance. Il est le lieu d’une rencontre particulière avec Dieu, parce que nouvelle, difficile et complexe par les éléments à gérer, les personnes concernées et les enjeux. Pourtant, l’âge de raison est aussi un moment particulièrement beau, où l’enfant entre dans le monde des adultes, peut trouver sa place avec Dieu et commencer à construire sa vie, en cherchant à connaître, avec l’aide des parents, des formateurs, des amis, et surtout de Dieu.

 

Guillaume ARGAUD